La clope, la vape et moi …

Personnellement j’ai une expérience compliquée avec le tabac. J’ai le souvenir enfant et adolescente d’avoir été une fervente défenseure de l’air sain, évitant le préau du lycée les jours de pluie, ça n’empêchait pas ma mère de me poser des questions. Elle savait que je ne fumais pas, mais l’odeur de mes vêtements de fumeuse passive empestaient si fort que le doute pouvait s’installer. Mon premier souvenir de cigarette ? 14 ans en voyage scolaire aux Pays-Bas, une taffe, peut-être deux et j’ai craché mes poumons aussitôt. Suite à cette expérience, mon cerveau avait assimilé cigarette = pas bon, pouha = poumons crachés, et loin de moi l’envie de réitérer.

Quand on me demandait une « clope », je répondais « non je ne fume pas, ça donne le cancer. » en bonne donneuse de leçons. Je me réjouissais de mes bonnes habitudes et refusais de subir la fumée des autres. J’ai en tête ce souvenir d’un trajet pénible en train pour rentrer chez mes parents un vendredi soir, ne trouvant de place que dans le wagon « fumeurs ». Je me sens vieille du coup en écrivant cette phrase. Oui j’ai connu l’époque des wagons fumeurs et des gens qui avaient leur cigarette au bec au bureau.

Puis est venue une période un peu difficile, j’avais 20 ans, j’avais rencontré un garçon que je croyais gentil, mais il a décidé de rompre d’une façon un peu moche au bout de deux mois (zapper l’anniversaire de sa copine, c’est pas très classe, tu vois …). Et dans ma tourmente, je l’ai fait … peut-être que l’inhalation passive y était pour quelque chose, et je trouvais quelque chose de relaxant au final à humer la fumée des autres … je ne me cherche pas d’excuses, mais j’ai fini par acheter un paquet de cigarettes, le paquet rouge de « Gauloises » légères. Et ça ne m’a pas déplu cette fois, j’ai voulu dire à mon corps « non, je VEUX que tu fumes alors tu fumes », j’ai réitéré.

Au final, je n’ai jamais vraiment réussi, et tant mieux pour moi, à être dépendante de cette m…, peut-être parce que je me contentais juste de « crapoter », ou peut-être parce que j’avais la chance d’avoir des parents non-fumeurs … ce qui m’a finalement rendue « fumeuse occasionnelle ». Je ne fumais que lorsque j’avais mes poussées d’angoisses, ou alors j’étais celle qui « taxait la clope » à un pote en soirée. Le paquet me durait quatre jours dans le pire des cas, mais ça ne m’empêchait pas de sentir les effets pas glamours : haleine de chacal au réveil, cendres sur le bureau, et vêtements qui sentent le tabac froid. A une époque, j’ai opté pour le cigarillo, le petit « Café-Crème » que j’ai consommé à la même fréquence. Et ça a duré des années comme ça, alternant des cycles.

Puis un jour j’en ai eu marre, et je me suis dit quitte à me détendre, qu’un livre de poche coûtait le même prix qu’un paquet, puis au moins la couverture ne comprenait pas de photos ignobles d’escarres, cancers et autres difformités. A cela, on peut dire que les réformes sur les paquets ont leur petit effet. Je suis restée longtemps 100% non-fumeuse, un peu plus de deux ans, puis un jour j’ai racheté un paquet « pour voir » … et je n’avais rien perdu. Beurk.

Et un jour, mon chat est mort, ce chat qui regardait d’un air intrigué mes volutes de fumée, quand je me posais sur le canapé … avec le chagrin difficile à gérer, je suis retombée dans la spirale des cycles. Moi qui portais l’exigence de chercher une compagne non-fumeuse, j’étais mal placée. Et cet été, alors que j’étais en mode « zero clope … pour le moment » j’ai rencontré quelqu’un, du genre « je ne fume pas, je n’ai jamais fumé, et si tu fumes c’est sur le balcon ». Chouette, parce qu’il n’y a rien de plus immonde que de sentir la fumée quand j’ai le nez dans mes tartines le matin. Mais les aléas de la vie aidant, mon stress grimpant, j’avais à nouveau une montée … bon si je ne fume pas devant elle, je prends quand même le risque d’avoir un cendrier qui traine sur le bureau, les vêtements qui sentent, la non-garantie d’avoir une haleine fraiche-colgate tous les jours, et puis je n’ai pas envie d’acheter une image moche qui va avec, etc etc … et puis … et puis j’ai pensé à ces odeurs intrigantes qui sortaient des cigarettes électroniques de mes collègues de bureau. Au début je me suis méfiée … est-ce sain d’inhaler un produit chimique qui CHAUFFE ? Il y a du plastique là-dedans ? Sérieusement, où est le piège ???

J’étais dans la rue. A gauche, le bureau de tabac. A droite, la boutique spécialisée de vape. La pilule bleue ou la rouge ?

Et voilà comment j’ai un jour franchi la porte de ces vendeurs spécialisés, gouté aux e-liquides, la plupart en 0% de nicotine, parce que finalement, ma dépendance était surtout dans ma gestuelle, plus que dans les substances. Parfois je rajoute quelques gouttes de boost de nicotine, mais sans plus. et des pièges, il n’y en a pas. Du moins il n’y a pas assez de recul à ce sujet, mais entre le Propylène Glycol, la Glycérine Végétale, et des arômes qui rentrent dans la composition des compléments alimentaires, je me suis sentie rassurée (avez-vous lu la liste des composants d’une cigarette ? Qu’on ne me dise pas qu’il vaut mieux fumer que vapoter). Et il n’y a pas de plastiques dans les atomiseurs.

C’est ainsi que j’ai découvert l’univers de la vape et sa philosophie : monter des set-ups, comprendre les lois d’ohm, faire ses propres liquides etc … il y a là dedans une part de créativité geek qui m’amuse bien, je dois dire. La cigarette électronique, ce sont des milliers de personnes qui sont délivrés de l’enfer du tabac. Sans compter les fumeurs passifs autour d’eux. Car non, il n’y a pas de « vapotage passif ». J’ai également découvert les vertus apaisantes du CBD, ce qui fera peut-être l’objet d’un billet. Bon il y a eu un souci, la miss n’aimait pas l’odeur de la vapeur … mais mince, je ne vais quand même pas aller sur le balcon pour vapoter comme une fumeuse, non ?

Est-ce que tes fringues vont sentir ?
Est-ce que ce sera le SMOG dans ton salon ?
Est-ce que tes jolis dessins vont jaunir ?
Bah … non, quoi.

Je ne pense pas fumer à nouveau du tabac un jour (et en plus, ça jaunit les livres). Après, peut-être trouvera-t-on une maladie déclenchée par le vapotage. A ce moment là, je pense que j’arrêterai. Là où le bât blesse, c’est que j’ai déjà reçu des remarques désobligeantes sur ma nouvelle habitude, chose qui ne se produisait pas avec la « tueuse ». A ces gens-là, j’ai envie de leur dire : « Informez-vous, éteignez TF1, et au fait … j’ai 37 ans, donc … je suis grande et je sais ce que je fais, merci. »