Coup de gueule d’une « urbexeuse »

Depuis 2012 je pratique ce que je souhaite de moins en moins appeler « urbex » … disons que je pratique de la photo de lieux abandonnés. La raison de l’abandon (sans mauvais jeu de mots) de ce terme ? La voici.

En fait je suis tombée sur cet article à la base ce matin :

Inutile d’ajouter que je n’étais pas contente du tout.

De la photo, j’en fais depuis l’âge de 10 ans, et je pense que si l’informatique n’avait pas existé dans ce monde, j’aurais été de métier soit photographe soit chef cuisinier, mais passons. J’ai touché un peu à tout en photo, mais surtout des paysages, des souvenirs de voyages, en argentique, en numérique. J’adore le fait de créer une image ! Cette année je me suis même inscrite à une école en ligne pour pouvoir progresser, et qui sait en faire un deuxième métier, c’est dire …

Parallèlement, enfant, je ressentais une émotion particulière à la vue d’un endroit abandonné. Parce que je figurais son passé, les gens qui y travaillaient ou y vivaient, tous ces souvenirs délaissés dans un lieu dont plus personne ne se soucie. Souvent ce lieu disparaissait et j’ai toujours pensé qu’une dernière photo souvenir était adéquate. La première fois que j’ai franchi ce pas, j’étais seule et je n’ai pas pris de risque, c’était l’usine des 7 deniers à Toulouse, j’ai pris trois clichés vite fait.

L’idée de faire un projet m’a prise en 2011 quand un ami avait posté sur Facebook des images de Pripyat, le village fantôme à côté de Tchernobyl. Et plus loin, il avait également mis une image d’un tout autre endroit, l' »Hotel des gens de la Mer » de Lavera. En fouinant un peu sur le net, car je voulais également avoir des infos sur un vieux téléphérique abandonné, je suis tombée par hasard sur le mot « urbex » . Donc il y avait des gens qui aimaient prendre des photos, et de surplus des lieux abandonnés, et cette pratique avait un nom ! Super ! Quelques mois après j’ai rameuté cet ami, nos appareils photo dans nos sacs et nous sommes partis à la conquête des lieux désaffectés. Le beau projet photographique !!!

A ce jour mon projet concerne un site internet, un livre, des souvenirs extraordinaires, des cartes mémoires saturées, des chaussures de marche usées et un jean qui a rendu l’âme. Mais une ombre au tableau gâche la perspective d’un si beau travail, et qui prend le risque de le décrédibiliser.

Cette ombre, il suffit de taper « urbex » sur Youtube pour la voir surgir, avec elle des gamins de 15 ans qui se permettent de faire n’importe quoi. Juste en tapant « urbex » on tombe sur la liste déroulante suivante :

  • urbex qui tourne mal
  • urbex paranormal
  • urbex cadavre
  • urbex flippant
  • urbex qui tourne TRES mal

OK. Nous sommes loin de la simple photographie. Surtout quand on voit certains d’entre eux débouler avec pieds-de-biche et bombes de peinture. Ce qui aurait donc pu être une discipline sympa qui retrace le passé d’un lieu et son contexte, qui a fait aimer l’Histoire à la réfractaire que j’étais, devient le train-fantôme qui aura le titre le plus accrocheur, l’émotion la plus palpable, le passé le plus glauque. Certes, l’urbex n’est pas sans risques, mais du moment que les gens jouent avec ces risques, on peut se poser des questions. Je passe sur la pratique douteuse de l’accumulation des mots « cadavre, flippant, cimetière », sur ceux qui sont contents de se faire arrêter par la police, et surtout les pseudo-chasseurs de fantômes !!! Sérieux les mecs !!! En cinq ans que je pratique l’urbex, si les fantômes existaient, ça se saurait !!!

Voilà un exemple de ces videos putaclic :

Et il est content le petit … Pas envie de sortir ma petite phrase « j’ai vomi » … j’en pense pas moins.

Bref. Pour ceux qui auraient envie de décrédibiliser MON projet : je suis une jeune femme photographe de 35 ans. Et je suis LOIN, mais TRES LOIN de ce « nouvel âge » de l’urbex, devenue hélas la nouvelle mode, le nouveau buzz, quitte à massacrer les lieux. Et j’ajoute que l’urbex est une pratique vraiment dangereuse qui ne se pratique PAS à la légère. Du coup … j’utilise de moins en moins ce terme, espérant que mon interlocuteur ne lève pas les yeux au ciel quand je lui parle de mes petites visites. tout ce que j’aspire à faire, ce sont des photos de plus en plus jolies, et ce dans le respect de l’endroit, n’en déplaise aux journaleux avides d’AMALGAMES. Le clic, je m’en ****.

Amelaye vous salue bien.